Le Palais Galliera puise dans ses collections pour nous présenter une nouvelle exposition, centrée sur la symbolique du vêtement et son rapport au personnage, à l’époque.

Le Musée de la Mode ouvre ses larges collections au public dans une exposition intitulée “Anatomie d’une collection”. L’occasion de présenter ses pièces les plus célèbres, ainsi que d’autres totalement inédites. L’exposition se focalise sur le rapport du vêtement avec son porteur et sur sa symbolique même : que signifie le vêtement ? Entre oeuvre d’art, relique du passé, image d’une époque ou d’une fonction, le musée essaie de présenter les différents aspects de cet objet muséal si particulier. Cela passe par des pièces phares : vêtements ou accessoires ayant appartenu à des personnages célèbres, voir royaux, à des habits populaires ou uniformes significatifs d’un métier, d’une situation. Si l’on est fasciné par ces pièces somptueuses ayant appartenu à Marie-Antoinette, le petit Louis XVII ou encore Napoléon, il est intéressant de les mettre en parallèle à des costumes rapiécés, portés par d’illustres inconnus, plus proches de la vie quotidienne d’une époque donnée que ces délicats vêtements royaux portés qu’une seule fois.

L’exposition fait aussi la part belle à la haute couture des débuts du XXe siècle à nos jours, dont sa collection est fortement garnie. De Paul Poiret à Jean-Paul Gaultier, on s’attarde précisément sur la relation entretenue entre un couturier et une égérie, une muse. L’égérie incarne l’esprit de la marque, voir même devient une figure de mode à part entière. Cette relation commence dès la Belle Époque, entre les couturiers et les artistes de théâtre et les demi-mondaines qui n’hésitent pas à s’exhiber en tenues extravagantes et affriolantes, à l’image de Sarah Bernhardt ou Cléo de Mérode. La part belle est faite aussi aux têtes couronnées, qui incarne le chic de la haute couture parisienne, telle la duchesse de Windsor ou la Princesse de Murat. Mais les égéries les plus intemporelles, celles qui retiennent l’attention de l’histoire, ce sont les actrices, telle Audrey Hepbrun et ses fameuses robes enfantines de Givenchy.


Mais à trop vouloir faire le lien entre le vêtement et le personnage, l’exposition penche un peu trop dans le m’as-tu-vu et le showbiz, éclairant davantage les figures illustres que les vêtements en eux-même. Toutefois, ce côté clinquant est contrebalancé par le parti-pris d’exposer à côté de pièces célèbres des vêtements populaires, des tabliers d’infirmières ou de domestiques. Un aspect de l’histoire de la mode totalement inédit dans les musées français qui ont plutôt tendance à snober le costume populaire, dans l’objectif d’en mettre plein la vue. La dernière partie de l’exposition, se focalise entièrement sur la haute couture et sur la mode “expérimentale”, s’éloignant radicalement de la relation corps/objet pour placer le vêtement au même rang qu’une oeuvre d’art, le mannequin devenant une sculpture vivante. Bref, une exposition très riche, qui livre un argument très fort, pouvant plaire ou gêner.
Léa Brémond
INFOS
Jusqu’au 23 octobre 2016, ouvert du mardi au dimanche, de 10h à 18h, nocturne le jeudi jusqu’à 21h
Palais Galliera, Musée de la mode de la ville de Paris, 10 avenue Pierre 1er de Serbie, 75016 Paris, métro L9 : Iéna ou Alma-Marceau
Entrée : de 6€ à 8€, gratuit pour les moins de 18 ans